Une feuille de route pour préserver l’eau

17 avril 2018

Ressource en eau

Plus de 95 % des Calédoniens ont accès à l’eau par le réseau communal.

Plus de 95 % des Calédoniens ont accès à l’eau par le réseau communal.

Source : https://gouv.nc/

À l'initiative du gouvernement, un forum consacré à l’eau se tiendra du 18 au 20 avril. Près de 300 acteurs seront réunis autour de la table en vue d’établir les grandes lignes d’une politique partagée de l’eau. Avec en prime la présence d’experts internationaux pour enrichir le débat.

Le forum H2O, qui va s’ouvrir mercredi matin dans les locaux de la CPS, entend organiser une réflexion mobilisant tous les acteurs de l’eau en Nouvelle-Calédonie : gouvernement, État, provinces, communes, autorités coutumières, mais aussi des scientifiques et des représentants du secteur agricole, industriel et associatif. « L’objectif est de travailler sur l’identification des priorités à mettre en œuvre afin de bâtir, à l’image du Schéma pour la transition énergétique, un véritable schéma pour l’eau, avec une stratégie et un plan d’actions, qui sera présenté aux élus du Congrès avant la fin de l’année », explique Nicolas Metzdorf, premier membre du gouvernement à s'être vu confier le secteur de l’eau.

Une ressource qui se fragilise

Pourquoi une politique publique de l’eau en Nouvelle-Calédonie ? Selon Nicolas Metzdorf, comme partout ailleurs dans le monde, « nous sommes arrivés à un carrefour et il s'agit de prendre la bonne direction. Le développement démographique et économique, une politique agricole ambitieuse – 70 % de l’eau est consommée par l’agriculture –, mais aussi le changement climatique sont autant de pressions qui pèsent sur la ressource ». Afin d’alimenter sources et nappes phréatiques, la Nouvelle-Calédonie peut compter sur une pluviométrie moyenne de 1 500 mm par an, mais qui est répartie inégalement dans le temps (70 % des précipitations pendant le premier trimestre) et géographiquement.

« Nous devons nous aussi apprendre à gérer l’eau et faire changer les mentalités. Sur terres coutumières, les clans considèrent que la source venant de leur terre n’est pas payante, qu’elle leur appartient. Cette notion doit évoluer car l'eau est un patrimoine qu’il faut partager », avance Didier Poidyaliwane, membre du gouvernement concerné par ce dossier à double titre : celui du secteur de l’écologie et du développement durable, et celui des affaires coutumières.     

Quatre thématiques

Pendant trois jours, les participants du forum H2O vont travailler en atelier autour de quatre grandes thématiques : la santé, l’environnement, l’économie et l’aménagement « afin d’aborder la question de l’eau sous tous les angles », précise Gérard Fallon, directeur des Affaires vétérinaires, alimentaires et rurales (DAVAR). Des tables rondes et des conférences menées par des experts internationaux (lire l’encadré) permettront également de « prendre la mesure de ce qui se fait ailleurs et d'évoquer les réponses apportées ».

De l’eau de pluie au robinet du consommateur, les travaux du forum H2O visent à forger un outil destiné à répondre aux enjeux globaux de santé publique, de développement durable et de préservation. « Comme dans un triptyque : nos préoccupations sont qu’il y ait de l’eau potable pour le citoyen, de l’eau pour nos entreprises, en particulier pour l’irrigation, et de l’eau dans la nature. Près de 200 cours d’eau sont impactés par l’engravement et ne coulent pratiquement plus. Il y a urgence. », alerte Nicolas Metzdorf.

 

dsc_0171-web.jpg

Didier Poidyaliwane et Nicolas Metzdorf ont présenté les objectifs du forum H2O à la presse deux jours avant son ouverture.

 

 

 

Réunions préparatoires

En amont du forum H2O, le gouvernement a mené des réunions préparatoires avec les différents acteurs concernés : maires, représentants des agriculteurs, du secteur de l’énergie et de l’industrie. À chaque fois, l'écoute des participants s'est faite autour de deux grandes questions : « Comment voyez-vous l'eau en Nouvelle-Calédonie dans 20 ans ? » et « Quelles seraient selon vous les trois urgences à traiter ? ».

 

visuel_h2o.jpg

 

 

L’eau, une compétence partagée

- Les communes sont compétentes pour la salubrité et la sécurité publique (au titre de la police administrative, en cas d’inondation ou de pollution, notamment) et pour l’alimentation en eau potable et l’assainissement, qui sont des services publics communaux.

- L’État est compétent pour la salubrité et la sécurité publique, en cas de carence du maire.

- La Nouvelle-Calédonie est compétente en matière d’hygiène publique et de santé, de préservation et de suivi de la ressource en eau, de gestion du domaine public fluvial et de sécurité civile. Deux directions du gouvernement, la DASS et la DAVAR, effectuent des contrôles qui permettent de vérifier la conformité de l’eau aux normes fixées par le code de la santé publique.

- Les provinces sont compétentes pour la protection de l’environnement, la prévention des pollutions et des risques, la gestion de la ressource en eau par délégation, la gestion des centres médicosociaux et la prévention des patients.

dsc_0382-web.jpg

La DAVAR trav1080"bg-info">

Zoom sur les invités

- Jim Keary, spécialiste des politiques publiques sur l’eau, directeur général de Hunter Water (Australie)

- Danny Greenwald, expert en assainissement et traitement de l’eau, Water Authority (Israël)

- Martin Gutton, haut responsable public spécialisé dans la gestion de l’eau, directeur général de l’agence de l’eau Loire-Bretagne (France)

- Francine Tsiou Fouc, en charge de l’élaboration et du suivi de la politique de l’eau polynésienne au gouvernement (Polynésie française)

- Olivier Sudrie, économiste ultramarin, cabinet DME (France)

Liens utiles